Saint Efflam est essentiellement connu à Plestin-les-Grèves, où, après avoir débarrassé la contrée d'un terrible dragon, il est réputé avoir vécu et où l'a rejoint sa dévouée épouse, sainte Enora. Ils y menèrent une vie d'ermites, consacrée à la contemplation et à l'évangélisation.
- Vita de la fin du XIVème ou début du XVème siècle, parfois attribuée à Even Bégaignon, recteur de Plestin de 1339 à 1360 avant d'être évêque de Tréguier.
- Albert Le Grand, Les Vies des saints de la Bretagne Armorique, 1636 - Quimper, J. Salaun, 1901.
- Théodore Hersant de La Villemarqué, Barzhaz Breizh, Spézet, Editions Coop Breizh, 1997.
- Abbé TRESVAUX, Vies des saints de Bretagne, Nouvelle édition revue, corrigée et considérablement augmentée du livre de Dom Guy-Alexis Lobineau, Paris, chez Méquignon Junior, 1936 - Lille, Lefort, 1855, tome 1.
Saint Efflam et sainte Enora font partie de ces saints venus des îles britanniques afin de se livrer à la contemplation et d'évangéliser la Bretagne armoricaine.
- Ermites.
- Sauroctone en ce qui concerne saint Efflam.
Saint Efflam, dans l'église de Plestin-les-Grèves
Enora est également désignée comme Honora, Henora, Honore, ou Enor.
- Saint Efflam le 6 novembre, et sainte Enora le 14 octobre.
- Pardon de saint Efflam à Kervignac, mi-octobre, autrefois septembre : on apportait en offrande des poignées de pointes et de clous, et on allumait un grand feu.
Le gisant de saint Efflam dans l'église de Plestin-les--Grèves
- Efflam, en Irlande, vers 448, quoique certains le fassent vivre au Xème siècle.
- Enora, en Angleterre.
Efflam et Enora meurent le même jour, le 6 novembre 512, lui à Plestin, elle au monastère de Lannennok. Efflam est enterré dans son ermitage, et l'on oublie sa présence. Ce n'est que plus tard (vers l'an 1000 ?) que, paraît-il, un ermite réoccupant les lieux remarque des gouttes de sang et découvre miraculeusement ses reliques, avec une inscription les authentifiant.
- Efflam et Enora sont respectivement fils d'un roi des cinq provinces d'Irlande et fille d’un roi de l'île de Bretagne.
- Efflam est présenté comme le neveu du roi Arthur.
- Un jeu de mots sur le nom d'Efflam lui fait guérir à Kervignac les brûlures,ainsi que les inflammations de la peau, phlegmons, panaris et furoncles.
- Enora est invoquée contre la fièvre et, bien que vierge, est reconnue comme patronne des nourrices.
Saint Efflam est-il simplement l'un de ces nombreux ermites venus d'outre-Manche jusqu'en Armorique aux alentours du VIème siècle ? Joseph Peres a suggéré une autre interprétation de son personnage, et un autre siècle : alors que les Romains occupaient les lieux, Efflam et ses compagnons seraient arrivés sur cette côte en guerriers, faisant partie d'une flotte d'invasion. Et, en fait de dragon, ce seraient les dragonnaires romains (combattant sous l'enseigne du dragon) auxquels ils se seraient opposés et qu'ils auraient vaincus.
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La vie de saint Efflam paraît plus mythologique qu'historique et reprend quelques grands thèmes universels. C'est ainsi que l'on ne peut manquer de faire le lien entre son départ du palais royal, la nuit de ses noces, et le renoncement du Bouddha quittant nuitamment et silencieusement sa vie princière de bien-être et de plaisirs et s'engageant sur le chemin de l'éveil. Et l'on reconnaît là l'ambiguïté de la situation de tous ces ermites - et notamment de ceux venus d'outre Manche - qui désiraient fuir le monde et rechercher la solitude dans un certain repli contemplatif, et devaient en même temps répondre aux sollicitations de leur entourage qui les pressait d'intervenir dans la vie sociale et de jouer un rôle dans le monde.
Le combat contre le dragon est conforme à toutes ces légendes de sauroctones qui combattent les anciennes divinités pour assurer l'oeuvre de christianisation. La façon dont il vient seconder le roi Arthur illustre aussi la nécessaire conjugaison des pouvoirs temporel (le roi) et sacerdotal (le saint, ou le druide) pour dominer les forces du mal : la force physique ne peut faire l'économie de l'énergie spirituelle. C'est ce qu'exprime par ailleurs, et entre autres, la vie de saint Carantoc, où le saint doit faire appel à des miracles pour convertir Arthur et où il sauve le roi des attaques du dragon.
Et, comme dans la plupart des récits mettant en scène des sauroctones, la victoire consiste moins à tuer, à annihiler le représentant des forces obscures, qu'à les maintenir à l'écart, à leur juste place, et à les maîtriser en mettant leurs pouvoirs au service de la communauté.
Le Rocher Rouge, dans la baie de Plestin-les-Grèves, sous lequel saint Efflam a confiné le dragon