Les impressionnants paysages qui entourent Huelgoat et sa rivière d'Argent ont suggéré à l'imaginaire populaire une foule d'interprétations légendaires à travers lesquelles ressurgissent un certain nombre de récits qui hantent les environs. Le site a été largement exploité sur le plan touristique, et le XIXème siècle notamment a cherché à l'imposer comme une réplique de Brocéliande, ce qui a inévitablement suscité des interprétations tardives, et peut-être la présence de personnages comme celui d'Artus.
Le Ménage de la Vierge
- Marc DECENEUX, Bretagne sacrée et légendaire, Rennes, éditions Ouest-France, 1996.
- Gwenc'hlan LE SCOUEZEC, Guide de la Bretagne mystérieuse, Paris, Tchou, 1966.
- Anatole LE BRAZ, Les saints bretons d'après la tradition populaire en Cornouaille, 1893-1894, in Magies de la Bretagne, Paris, Robert Laffont (Bouquins), 1994.
Les paysages particuliers de Huelgoat sont dus à une érosion différentielle des roches. Au plan légendaire, ils seraient une création du géant Hok Bras, équivalent local de Gargantua, à moins qu'il ne faille y voir l'effet d'un long conflit entre les habitants de Plouyé et de Berrien, qui cherchaient à écraser le village adverse sous une pluie de pierres, lesquelles s'accumulèrent entre les deux, à Huelgoat. On raconte aussi que Gargantua, mécontent de la bouillie que lui avaient servie là les habitants, se serait rendu dans le Léon et de là aurait jeté toutes les pierres trouvées en chemin, créant le chaos d'Huelgoat et conférant au Léon sa fertilité. Une interprétation parle encore du granit concocté par Dieu : il aurait formé des grumeaux que le Créateur aurait abandonnés là.
Au sein d'un paysage boisé et sauvage (la forêt de Saint-Ambroise), au sud des Monts d'Arrée, sur la rivière de la Fao, qui en ce lieu adopte la dénomination de « Rivière d'Argent » en rapport avec l'exploitation locale de ce métal.
Le Chaos de Huelgoat
La Grotte d'Artus
En breton : An Uhelgoad.
- La Fée d'Huelgoat, auprès de laquelle vient se réfugier au moment de mourir son filleul, le géant Hok Bras qui en est amoureux.
- Le roi Artus (assimilé à Arthur).
- Dahud.
- Saint Herbot, qui est réputé avoir terminé sa vie dans une grotte au sein de la forêt.
- Saint Yves, patron de la paroisse.
La Pierre Tremblante
Le pardon des Cieux se déroule le 1er dimanche d'août.
Uhel Koat désigne, en breton, le « bois du haut », ou bien la « haute forêt ».
Deux mégalithes recensés, et la proximité de l'impressionnant melhir de Kerampeulven, sur la commune de Berrien, attestent d'une ancienne occupation humaine.
Huelgoat possédait, à l'époque gauloise, un oppidum de la cité des Osismes, dont le Camp d'Artus, ultérieurement transformé en motte féodale, reste le témoin. La population celte, à la suite de l'époque romaine, semble s'y être retirée dans la forêt, résistant ainsi au processus de christianisation entrepris aux V et VIème siècles par les prosélytes venus d'outre Manche, et confortant l'image d'un lieu attaché aux anciennes traditions
Ancienne trêve de la paroisse de Berrien, ce n'est qu'en 1591 que ce bourg devint lui-même paroisse.
La ville a connu une activité minière aux XVIII et XIXème siècles, avec l'exploitation du plomb argentifère.
Le menhir de Kerampeulven, à proximité de Huelgoat
La Grotte d'Artus
La richesse du patrimoine légendaire de Huelgoat est-elle porteuse d'une certaine unité thématique, ou ne faut-il y voir qu'un patchwork d'éléments disparates ?
Il convient de noter le lien évident avec le thème des profondeurs telluriques (les Portes de l'Enfer, le gouffre de Dahud, le souterrain par lequel elle est venue de la ville d'Ys ...), qui rejoint celui des Enfers celtiques, sur lequel s'est greffée une christianisation plus ou moins superficielle. On peut l'interpréter en termes d'opposition entre la persistance des traditions pré-chrétiennes, dominées par la présence récurrente et sous différents noms d'un personnage de géant, et les tentatives d'assimilation de celles-ci par l'Eglise, la partie étant loin d'être gagnée puisque sous le chaos de pierres serait toujours enfouie une ville cyclopéenne, impie et blasphématoire, anéantie par le Ciel, mais que les habitants tenteraient toujours de rebâtir.
Le site parle de façon évidente d'une certaine ancienneté, humaine, mythique et naturelle, comme en témoigne le passage récurrent du Juif Errant, qui l'aurait visité à trois reprises : « J'ai vu Huelgoat en forêt, plus tard en prairie ; je le vois maintenant devenu une belle ville de marché. »
Artus apparaît davantage ici comme un personnage mythique, solitaire, une figure du Chasseur sauvage (celui de la Chasse Arthur que l'on retrouve en bien des lieux), plus que comme le roi Arthur entouré de ses chevaliers. Il ne faut pas oublier que l'étymologie première de son nom - artos - renvoie à l'ours, à la fois l'animal farouche et l'incarnation chez les Celtes de la souveraineté.
Le Chaos de Huelgoat
Le Massacre des Innocents, panneau de la chapelle Notre-Dame-des-Cieux
Le Massacre des Innocents, panneau de la chapelle Notre-Dame-des-Cieux