Le territoire de Fréhel, qui réunit les deux anciennes paroisses de Pléhérel et Plévenon, occupe une situation remarquable, cernée par la mer, dominant de rouges falaises. Il abrite le grandiose Fort La Latte. Mais c'est avant tout, pour les mythologues, une des patries de Gargantua, qui est réputé y être né, y avoir maintes fois transité, et y avoir été enterré.
- Pierre AMIOT, Histoire du pays de Fréhel, 1981
- Bernard COLONNE, Le Pays de Fréhel, Rennes, Editions Ouest-France, 1986.
- Paul SEBILLOT, Gargantua dans les traditions populaires, Paris, Maisonneuve et Cie, 1883.
- Gwenc'hlan LE SOUEZEC, Guide de la Bretagne mystérieuse, Paris, Tchou, 1966.
- Henri FROMAGE, « Le mythe du géant en tant que processus d'investissement de l'espace », Bulletin de la Société de Mythologie Française n° 123, octobre-décembre 1981, et nombreux autres articles du même Bulletin.
Paroisse fondée par saint Hirel, venu du Pays de Galles.
Une lande d'ajoncs et de bruyères, battue par les vents, sur une presqu'île escarpée dominant la mer du haut de hautes falaises de grès roses s'élevant à quelque 70 mètres.
Cap Fréhel : la lande
- Saint-Suliac, autre extrémité (les pieds) de la tombe de Gargantua, dont l'Aiguille marquerait la tête.
- Grosmont, dans le Calvados, possède également une tombe de la tête de Gargantua.
Saint Hilaire dans l'église du Vieux-Bourg
Jusqu'au XVIIème siècle, le nom du cap pouvait s'écire Fréhelle ou Fresle.
Pléhérel est, par rapprochement, ou confusion phonétique, placée sous le patronage non de saint Hirel, mais de saint Hilaire, tandis que le saint patron de Plévenon reste imprécis : saint Menoen, Guen ou Even.
Cap Fréhel : les falaises de grès rose
- Assemblées à la chapelle Saint-Sébastien le premier dimanche de mai et le 1er dimanche d'août (autrefois pèlerinages le 1er dimanche de mai et le 20 janvier).
- Pardon (réactualisé depuis une trentaine d'années) à la chapelle du Vieux-Bourg le 1er août, avec bénédiction sur la Pointe aux Chèvres, où existait un oratoire avant la Révolution. Il se déroulait autrefois le dimanche précédant le 8 septembre, avec imposition de l'étole sur la tête des enfants avant les vêpres.
Le nom de Fréhel, donné au nouveau village, désignait originellement le cap. Il viendrait du breton fre, courant et uhel, haut, et désignerait donc un « fort courant ». Ce nom peut aussi se lire (en raison des falaises), comme « nez en l'air ». Pléhérel et Plévenon sont quant à elles les "paroisses de saint Hirel et saint Menoen (un saint dont on ne sait rien) ou saint Guen".
De nombreux vestiges dans les environs attestent une occupation humaine durant la préhistoire : allée couverte, tumulus, pierre levée, haches de pierre et de bronze ...
Les Romains y sont présents, et la région est touchée, comme toute l'Armorique, par l'arrivée aux V et VIèmes siècles des évangélisateurs venus d'outre Manche.
Au Xème siècle, ce sont les Normands qui ravagent le pays avant que les Templiers, puis les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem et les chevaliers de l'ordre de Malte imposent leur influence dans la région tout en accueillant les pèlerins de Compostelle venus de l'île de Bretagne et débarquant à la Fresnaye.
C'est en 1972 que la commune de Fréhel est formée en réunissant les deux anciennes paroisses, puis communes Pléhérel et Plévenon, qui viennent à nouveau de se scinder et de recouvrer leur indépendance l'une vis-à-vis de l'autre.
La chapelle du Vieux-Bourg
La chapelle Saint-Sébastien
Dalle templière près de la chapelle du Vieux-Bourg
Le légendaire de Fréhel ne se limite pas à la formidable présence de Gargantua, incarnation locale du Gawr ou Hok Bras breton. Fées et morgans semblent bien hanter le « houles » nichées au pied des falaises. Et il est un récit d'origine pour la couleur des falaises qui met en scène saint Michel, souvent considéré comme un substitut de l'ancien dieu gaulois Belen, lui-même assimilé à Gargantua. On pourrait y voir un processus de christianisation d'anciennes croyances attachées au lieu :
Un saint venu d'Irlande aurait rassemblé les populations locales face à l'îlot Saint-Michel (4763), et tenté de les convertir en évoquant les merveilles accomplies par le saint archange : c'est lui qui, poursuivi jusque là par le Diable, aurait détaché cet îlot de la terre ferme avec son pied, entraînant le Malin dans les flots ; alors les rochers devinrent rouges. Mais le prédicateur s'époumonait en vain. Mis au défi par un chef païen qui lui demanda - puisqu'il se disait, à l'instar de saint Michel, envoyé de Dieu - de faire rougir le rocher sous son pied, il se rendit au bord de la falaise, se recueillit un moment, puis s'incisa le doigt, d'où s'écoula une goutte de sang. Saint Michel apparut alors dans le ciel, et toute la falaise se teinta en rouge. Le peuple fut émerveillé, et ainsi s'opérèrent de nombreuses conversions.
Attachées au souvenir, ambigu dans la mémoire populaire, que laissèrent derrière eux les chevaliers de l'ordre du Temple ou leurs successeurs, les hospitaliers de Saint-Jean, certaines traditions relatent les exactions commises par les « Moines Rouge », ainsi revêtus de la couleur diabolique du mal. Souvent décrits comme de grands bâtisseurs, mais aussi de grands criminels dont châteaux ou monastères furent détruits en une seule nuit, ils semblent perpétuer, par-delà des données plus ou moins historiques (les Templiers étaient vêtus de blanc), des traditions plus anciennes qui peuvent évoquer certains mythes celtiques.
A Pléhérel est aussi associée une légende de ville engloutie par la mer, comme il en existe en bien des points de la côte bretonne.
Au pied de la chapelle du Vieux-Bourg, l'emplacement de l'ancien village englouti
L'Aiguille ou Doigt de Gargantua, près du Fort La Latte
L'Aiguille ou Doigt de Gargantua, près du Fort La Latte
Monsieur Martin, mairie de Fréhel
Pierre Amiot
Jean-Pol Pimor
Le Syndicat des Caps, Fréhel