Originellement les Sirènes étaient des oiseaux à tête de femme, qui se virent dotés de mains et de seins. Mais la Sirène qui nous est familière est un être composite habitant les profondeurs marines, dont le haut du corps est celui d'une femme, et le bas celui d'un poisson. Une des premières descriptions, telle qu'elle a subsisté dans l'imaginaire collectif, figure dans le Liber monstrorum, au VIII ou IXème siècle : « Les Sirènes sont de jeunes vierges marines qui séduisent les marins à l'aide de leurs formes splendides et de leurs chants mielleux. De la tête jusqu'au milieu du torse elles ont des corps en tous points identiques à ceux des femmes ; pourtant, elles ont en dessous des queues écailleuses de poissons, qu'elles gardent toujours bien cachées sous l'eau, dans les vagues. » Elles sont parfois dotées de deux queues de poisson (qu'impudiquement elles tiennent bien écartées de leurs deux mains), et parfois encore d'une paire d'ailes. Elles apparaissent volontiers en groupes, souvent au nombre de trois. C'est armées de leurs harpes, flûtes ou autres instruments de musique qu'elles charment les navigateurs. Elles sont fréquemment représentées avec un peigne, dont elles lissent leurs longs cheveux, et un miroir, où elles se contemplent vaniteusement. Cette pose lascives n'est pas sans évoquer Vénus, également née de la mer, ou la dame des eaux Mélusine. Elles tiennent (et présentent) parfois un ou deux poissons dans lesquels on peut aussi bien voir, au-delà de la signalisation du milieu où elle vit, l'objet de la tentation, un signe d'abondance, ou encore le symbole du Christ. Parfois couronnées, elles allaitent volontiers un bébé siréneau. En cela elle sont nourricières : leur lait est réputé fortifiant et convient particulièrement aux héros. Elles habitent de somptueux palais de cristal au sein des eaux.
Sirène allaitante, image restituée d'un chapiteau du Palais Episcopal de Beauvais