Vers l'an 580, Herbauge était une ville riche et prospère. Mais elle était également une ville de débauche, dépravée et fermement attachée au paganisme La population y adorait notamment une statue de Jupiter, toute en or. Envoyé sur les lieux par saint Félix, évêque de Nantes, saint Martin-de-Vertou y arrive en bateau et commence à prêcher la parole de Dieu. Mais il se voit rejeté de partout, et un puissant antagoniste s'attache à détruire tout ce qu'il fait. Seuls un homme, Romain, et sa femme l'accueillent et se convertissent. Mais ce geste ne suffit pas. Le Ciel ne pouvait tolérer une telle impiété : une voix retentit annonçant que la ville allait être engloutie, et que les seuls justes devaient fuir sans tarder, et surtout sans jeter aucun regard derrière eux. Hélas, la catastrophe se déclenche et la femme ne peut s'empêcher de se retourner lorsqu'un formidable vacarme retentit. Telle la femme de Loth qui à Sodome devient statue de sel, elle se retrouve aussitôt changée en pierre, et c'est elle qu'on peut toujours voir sous la forme du mégalithe de la Pierre-Saint-Martin, au bord des marais. Elle avait emporté avec elle trois pains, qui sont également pétrifiés, ainsi que son mari qui, ne l'entendant plus, ne peut s'empêcher de se retourner vers elle. Dans certaines versions, c'est son fils Pierre - au nom prédestiné - qui est lui aussi pétrifié. Selon une autre version, ayant cours du côté de Saint-Aignan-de-Grand-Lieu, c'est Martin lui-même qui engloutit la ville, et c'est une boulangère et son fils qui sont sauvés puis pétrifiés avec les deux pains qu'ils emportaient avec eux. Quoi qu'il en soit, Herbauge se retrouve totalement submergée par les eaux qui surgissent du sein de la terre. Elle gît désormais au fond de l'eau, et l'on dit qu'au centre du lac, on en entend encore sonner les cloches la nuit de Noël. Thomas de Saint-Mars, toutefois, qui les entendit en 1780, prétend que ce sont en fait les cloches de Nantes et des environs que l'on distingue au loin. Et il est fort possible que la surface des eaux, répercutant la voix du gros bourdon de la cathédrale, qui accompagne celles des clochers entourant le lac, engendre une telle illusion. Un dicton local, équivalent à celui qui s'applique à la ville d'Ys, annonce que "lorsque Nantes disparaîtra, Herbauge renaîtra".
L'une des Dames de Pierre, à Pont-Saint-Martin